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Internet et l'Univers, objets en expansion

Le numérique est l’avenir car les ressources sont illimitées, contrairement à l’économie classique qui repose sur les limites physiques des matières premières. En effet, impossible de vendre plus de voitures qu’il n’y a d’aluminium pour fabriquer la carrosserie, impossible aussi de vendre plus d’ordinateurs qu’il n’y a de silicium pour fabriquer les puces… oh wait ! Internet, c’est des ordinateurs ?! Et un ordinateur, c’est matériel, donc Internet aussi non ? C’est là toute la question. Qu’est-ce qui est matériel, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Internet est-il fini ou infini ?

Le poids d’internet

Combien pèse Internet ? C’est la question à laquelle quelques-uns ont tenté de répondre. Internet pourrait peser le poids d’une fraise, soit 50 grammes !

Ou bien plus de 2 milliards de kilogrammes !!

Qu’est-ce qui justifie une telle différence ?

Internet, une somme d’électrons

Dans le premier cas, on considère qu’Internet est la somme du poids de tous les électrons en mouvements dans l’ensemble des serveurs qui le constituent. Il y a entre 75 et 100 millions de serveurs qui consomment ensemble environ 40 milliards de Watts - à raison de 350 à 550 Watts chacun - sachant que les chipsets ont une tension d’environ 3V (T*I = P), qu’un ampère représente 10^18 électrons et qu’un électron pèse 9,109 382 6(16)×10-31 kg, on a un Internet qui pèse 50 grammes. Mais plus loin dans la vidéo, on découvre que le poids de la seule information constitutive d’Internet, soit les électrons qui codent les bits dans les disques durs (5 million de téras selon Eric Schmidt, Google CEO) pèse 0,2 millionième d’une once, soit environ 0,56 millionième d’un gramme.

Internet, une infrastructure

Dans le second cas, il paraît limitatif de restreindre Internet à la seule consommation électrique des serveurs, puisque justement, sans ces serveurs, Internet n’est pas. 100 millions de serveurs qui pèsent en moyenne 20Kg, ça représente 2 milliards de Kilogrammes. Mais, tous ces serveurs dans leur coins ne sont d’aucune utilité pour communiquer, il faudrait donc encore prendre en compte les routeurs, fibres, câbles en cuivre etc… Autant dire que dans ce cas, on arrive à un poids bien supérieur à 2 milliards de Kilos. Et bien plus encore si on considère qu’Internet est aussi constitué de tous les ordinateurs personnels et devices qui connectent les internautes à l’Internet.

De la théorie au pragmatisme

Bon vous l’aurez compris, la question n’est pas vraiment le poids d’Internet, mais ce que l’on peut considérer comme constitutif d’Internet, et les énormes différences qui en découlent. Internet est-il une somme d’information ou toute une infrastructure ?

En théorie, on peut définir Internet de 1000 façons, aller chercher des théories philosophiques très… pointues, qui expliquerons que le réseau des réseau est la conscience collective de l’Humanité ou je ne sais quoi.

On en dira ce que l’on veut, en attendant, d’un point de vue purement cartésien, je sais que sans son infrastructure, ce réseau n’est rien. Je considérerai donc qu’Internet est lié au monde physique.

Un réseau en pleine expansion

Alors, quel est le point commun entre l’Univers et Internet ? Ils sont en expansion (ça c’est certain), ils sont infinis (ça… ça se discute).

Des millions d’internautes créent et consultent des données

Articles, emails, photos, vidéos. Tout comme l’Univers, Internet est en expansion constante, c’est quelque chose d’indiscutable et ça donne le tournis; les chiffres d’Internet. Il n’est d’ailleurs pas possible d’avoir les chiffres du réseau dans son ensemble, mais il suffit de consulter ceux de quelques un des grands services qui font partie du web, pour prendre conscience de la démesure de celui-ci.

Il y a par exemple sur Youtube plus de 60 heures de vidéos postées chaque minute, et des millions d’internautes visionnent plus de 4 milliards de vidéos chaque jour ! Sur Facebook, plus de 250 millions de photos sont ajoutées chaque jour, et celui-ci repose sur plus de 30 000 serveurs - preuve s’il en est, qu’Internet ce n’est pas de la magie.

Trois facteurs ont principalement mené à cette explosion des contenus (et donc de la taille des données) sur le réseau.

  1. Le premier bien sur, c’est l’arrivée du numérique. Ça ne fait aucune doute, les appareils photos et caméras numériques, rapidement suivi par les smartphones, ont transformé tout un chacun en super producteur de contenus.
  2. Cette révolution a permis une offre de stockage en conséquence, c’est là que le second point arrive, il y a eu une révolution dans le stockage, et bien entendu, les prix s’en sont ressenti. On a donc pu stocker plus pour moins cher !
  3. Enfin, la troisième condition, qui constitue le ciment entre les deux autres (production de contenu et stockage bon marché), c’est l’arrivée du haut débit. En effet, il ne suffit pas de produire du contenu et de le stocker pour que ce soit Internet, il faut bien l’envoyer sur le réseau.

Le miracle du stockage

Le web qui explose, c’est le web 2.0. Il est participatif, tout le monde commente et ajoute ses contenus. Ceci a été rendu possible grâce aux trois points que nous avons mentionné plus haut. La mode est aujourd’hui au cloud et aux réseaux sociaux. C’est là que l’on comprend l’importance du second point, celui du stockage. Facebook ingurgite plus de 250 millions d’images pas jour, sans compter les vidéos, Youtube plus de 1440 heures de vidéos par jour, et ces deux sites sont entièrement gratuits ! Le stockage est aujourd’hui assez bon marché pour que les revenus publicitaires générés par ces plateformes couvrent entièrement tous les frais !

C’est donc l’évolution technologique conjointement à la baisse des coûts de stockage qui ont permis l’émergence d’un Internet datavore insatiable. Un réseau en mesure d’avaler les quantités de données toujours plus importantes qu’on avait à lui fournir. Et tout ceci, sans supprimer les données plus anciennes.

La mémoire d’Internet

On entend souvent dire qu’Internet a une mémoire, qu’il n’oublie rien etc (c’est d’ailleurs à ce propos que l’on se pose la question de la création d’un droit à l’oubli). Ces chiffres astronomiques qu’on nous assène nous font finalement perdre un peu le sens des réalités. Il est vrai qu’Internet a une mémoire, et celle-ci semble sans limite.

Une sensation d’illimité…

Il m’est arrivé récemment de tomber par hasard sur un vieux skyblog de mes années lycée. Il ne se passe pas un jour sans que l’on croise un compte youtube, blogger, skyblog ou autre, totalement abandonné dans les entrailles du web. Pourtant, il fait partie intégrante de cette mémoire d’Internet.

Le blog dont je parlais n’était pas le mien, j’ai perdu de vue son propriétaire qui, de toute manière a plus que certainement oublié jusqu’à l’existence dudit blog. Ces posts d’ados n’intéressent évidemment personne, pas même celles qui figurent sur les photos, et elles ne sont donc pas source de revenus. Il en va de même pour des milliers de vidéos youtube qui ont à peine quelques centaines de vues après des années d’errance. Pourtant, bien que ces données prennent de la place, les très faibles coûts de stockage conjointement aux revenus publicitaires, permettent de dégager de telles marges qu’ils compensent sans problème ces contenus morts. On gère donc cette ressource, la ressource “capacité de stockage Internet” comme ci celle-ci était totalement illimité.

Personne ne dit qu’un datacenter représente une capacité de stockage illimité. Mais lorsque Google, Facebook ou Amazon ont besoin de plus d’espace, ils en trouvent… en faisant construire un nouveau datacenter. Et il faut dire qu’en ce moment, avec la mode cloud, les datacenters poussent comme des champignons. Virtuellement, l’espace est illimité puisque trouver quelques Peta de plus ne représente pas un problème.

La mode du cloud donne encore plus aux internautes la sensation qu’Internet est infini, ils peuvent envoyer des Go de données sans problèmes, et ils ne se posent pas spécifiquement la question d’où et comment sont physiquement stockées celle-ci, pour eux c’est sur Internet, dans le cloud.

…qui finira par oublier

Contrairement à l’Univers dont la matière se proprage, semble-t-il, dans un espace infini. Internet a une matière (les données) qui ne cesse de grandir, en revanche, son espace à lui, bien que ne cessant de grandir pour l’instant, n’est pas dénué de limites. On imagine que les disques durs - qui servent à stocker ce que l’on met dans les nuages - sont fabriqués avec des matières premières (métal, silicium, néodyme…) qui, elles, sont finies. J’imagine bien que les limites seront repoussées par l’avancé de la science. On pourra certainement stocker d’ici à quelques années 2, 3, 10 ou peut être 500 fois plus de données sur un disque dur, donc un datacenter aura une capacité multiplié au moins par le même facteur. Mais il reste que quelque chose de fini multiplié par un facteur fini, donne un résultat fini. Et ce résultat, c’est la masse critique de données qu’Internet peut contenir. Il faudra donc peut-être un jour, qu’Internet se mette à avoir des trous de mémoire.

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